Alpha Oumar Baldé

La santé de nos présidents

29.7. Musee Nat. Histoire / Donation Collection Kutter / l`Homme Malade , 1918 Foto: Guy Jallay

La santé de nos présidents est un sujet tabou dans la majorité des pays du monde. Car un président malade, c’est un pan entier de l’administration qui est paralysé. Le président représente la tête de l’Etat, il le représentant du pouvoir exécutif. Il est donc le fonctionnaire par excellence de l’état.

De ce fait, les informations relatives à la santé de l’élu du peuple, ne devraient pas être un secret. Car un président doit toujours prouver à son peuple qu’il est apte à mener à bien la tâche qui lui a été confiée. Lui fournir un bilan de santé annuel serait un grand pas pour tout bon dirigeant soucieux de l’opinion de son peuple. Malheureusement tel n’est pas le cas.

Le bilan de santé pré-électoral

Les présidents, ainsi que leurs opposants politiques n’acceptent de publier leurs bilans de santé que dans de rares cas. Souvent parce qu’ils y sont contraints. C’est le cas notamment lors des élections présidentielles. Elections qui, dans la plupart des pays du monde, exigent que les candidats se soumettent à des examens médicaux afin de savoir si oui ou non ils sont aptes à mener à terme leurs futurs mandats. C’est ainsi que très souvent, les présidents sont contraints par la loi ou le code électoral et “acceptent” de donner leurs bilans de santé.

Le bilan de santé est quelque chose de personnel, certes. Mais quand on est à la tête de l’état et que l’on a en main la destinée de millions de personnes, on ne peut plus avoir de mots à dire concernant sa vie personnelle. Il faut accepter de partager avec sa population, ne serait-ce que le minimum d’informations personnelles à votre sujet. Et l’état de santé du président vient en première position sur cette liste

Sujet tabou

Les chefs d’états sont donc à la base de la polémique qui existe autour de leur état de santé. La santé du président est devenue à ce jour un sujet tabou dans la majorité des pays du monde. C’est sans doute le seul sujet dont personne n’ose parler publiquement, au risque de se voir attirer les foudres du pouvoir en place. Ainsi, on peut mettre en péril son petit poste au sein de l’administration rien qu’en évoquant ce simple sujet – la santé du président – devant des oreilles indiscrètes.

Dire que le président est malade reviendrait à dire qu’il est touché par une maladie grave et invalidante voire même incurable.

« Faire des provisions »

En Afrique par exemple, un président malade ce n’est pas bon signe : “faites vos provisions” car il y aura bientôt un remaniement important dans quelques semaines ! Quand nos dirigeants africains sont malades, toute la machine étatique se paralyse. Tout fonctionne au ralenti et chacun fait de son mieux pour amasser des fortunes en prévision de la prochaine période de vache maigre…

Enfin, pour ma part, je dirais que la santé de nos présidents ne doit plus être un sujet tabou dans nos sociétés. Parfois créé et entretenu par les présidents eux-mêmes, Il est important qu’ils brisent ce tabou en acceptant  de publier leurs bilans de santé !

 

*Article paru en premier sur La Voix Des Jeunes UNICEF


Qui suis-je ?

“doudou et son biberon”

Alpha Oumar Baldé, blogueur guinéen

Je me nomme Baldé Alpha Oumar. J’ai 24 ans, je suis Guinéen, je suis né et j’ai grandi à Conakry où je vis actuellement. Je suis étudiant en quatrième année de Médecine à l’Université Kofi Annan de Guinée (UKAG).

Vous pouvez m’appeler « Doudou ». Ma famille, mes ami(e)s, mes camarades, tout le monde m’appelle ainsi ! Tout est parti d’un biberon que j’affectionnais lorsque j’étais bébé. Mes parents – qui cherchaient un surnom à me donner – ont remarqué que j’aimais beaucoup mon biberon. Dessus, il était écrit : « doudou et son biberon »… alors je vous laisse deviner la suite de l’histoire, mon histoire !

Ma passion : naviguer durant de longues heures sur internet pour assouvir ma curiosité, écrire des petits bouts de mots sur ma vie et celle de mes compatriotes.

Je suis blogueur. Bloguer, c’est aussi ma passion. Je suis membre de Mondoblog qui est la plateforme de blogging de RFI où je tiens mon blogue personnel à l’adresse suivante : https:// doudoufine.mondoblog.org.

Depuis mon jeune âge, je ne cesse de me fixer des objectifs à atteindre dans cette vie : obtenir mon baccalauréat avec mention, devenir un bon médecin, être indépendant, sont entre autres mes petits rêves personnels dans ce bas monde. Quelques-uns se sont réalisés et d’autres sont en cours ou n’ont pas encore vu le jour mais je garde espoir. J’espère pouvoir arriver à améliorer le monde dans lequel nous vivons. Mais d’ici là je prie – le bon Dieu bien-sûr – afin  que la Terre, notre belle planète, continue de tourner et qu’on ait tous les pieds sur elle !

Depuis peu, j’ai décidé de passer à l’action en vue de sauver le climat et l’environnement, mais je ne sais toujours pas comment ni quoi faire, sincèrement. Je ne veux plus rester les bras croisés en regardant les autres détruire, polluer l’environnement dans lequel nous vivons. Mais comment faire ? Dois-je procéder par tâtonnement ? Dans la lutte pour l’environnement, mieux on est éclairé et mieux on survit. On se plonge dans une véritable bataille : la bataille pour la survie de l’humanité. Comme par enchantement, j’ai vu ce stage de formation LVDJ : une belle opportunité pour bien s’informer sur les questions liées à l’environnement et sur la pollution. J’y ai soumis ma candidature et cerise sur le gâteau : j’ai été sélectionné ! Me voici donc stagiaire LVDJ !

Voilà, à présent, vous en savez assez sur moi… Ah, j’oubliais : je suis très allergique à l’injustice, sous toutes ses formes ! Et vous ?

Et si vous me parliez un peu de vous, pour que l’on devienne amis ?

 

* Cet article est paru en premier lieu sur La Voix Des Jeunes UNICEF.


Mon blogue, mon confident

L’arme du blogueur, par Alpha Oumar Baldé CC doudoufine.mondoblog.org

Il y a sans doute actuellement en Guinée des dizaines de blogueurs comme moi, hébergés sur différentes plate-formes, surtout des blogueurs qui parlent de politique, des guides touristiques, loin de toute idée littéraire. Mais aussi des journalistes. On écrit  pour informer. Pour promouvoir son produit ou ses services. Pour guider les touristes, etc. On tient son journal personnel que l’on partage avec le monde : son enfance, ses vacances, ses malheurs ou bien ses amours… On écrit parfois pour critiquer, dénoncer une situation, un système, une décision. On écrit parfois pour écrire, se faire plaisir à soi-même, essayer ses idées, relever ses défis personnels, ses propres challenges ; jouer avec ses propres mots et ses propres émotions. Parfois on sort la sonnette d’alarme parce que l’on constate un manquement à la justice, à l’environnement comme la pollution, le changement climatique ou tout simplement pour sensibiliser ses concitoyens afin qu’ils prennent beaucoup plus de responsabilités dans leurs actes. Parfois on écrit de petits bouts de poèmes… tout simplement.

Petit à petit on se construit une identité et l’on gagne un certain poids dans la blogosphère, nationale et internationale. On est lu et apprécié, parfois pas… et c’est ce qui fait toute la beauté de cette passion qu’est le blogging. Quand on reçoit un commentaire, qu’il soit positif ou bien négatif, cela nous prouve que ce que nous écrivons suscite de l’intérêt aux yeux des internautes.

Bloguer c’est aussi créer son propre nid, un cocon de petits bouts d’idées que l’on assemble et que l’on partage, et cela aide. On décharge son trop plein de stress et de frustrations de la vie quotidienne et par cela on vit mieux, en tout cas sereinement. On partage ses moments de joie et de tristesse. On rit, on s’amuse à travers des histoires drôles et intéressantes que l’on partage à ses lecteurs.

Et quand on en a parfois marre, on se dit stop et l’on cesse sans presque s’en rendre compte de publier des articles. On supprime un billet de son blogue ou bien on le ferme carrément. On disparaît pour un moment, qui peut être long ou pas, et l’on se donne des vacances. Parfois parce qu’on est vraiment en manque d’inspiration, en manque d’idées. Le puit s’est asséché car la muse de l’écriture est parti et nous a abandonné…

Plus souvent, quand on ne ferme pas son blogue, on revient en force. On est revigoré, on se sent requinqué et l’on reprend goût à l’écriture. La muse de l’écriture nous fréquente à nouveau et nous chante ses plus belles chansons pendant que nous tapotons gaiement sur le clavier de notre vieil ordinateur.

Parfois, l’avenir nous révèle de belles surprises à travers notre blogue. Comme une gratification venue de nulle part, du bon Dieu sans doute, qui nous récompense et nous encourage dans notre activité : des stages de formation et des prix nous sont offerts. Une valeur ajouté à notre CV qui est très précieuse car elle nous permet de nous démarquer du lot et à se distinguer de nos concurrents dans la recherche de l’emploi. On gagne ainsi facilement un travail grâce à son blogue qui nous a permis de nous construire un CV remarquable qui attire l’attention de tous les employeurs. Nous obtenons un emploi, nous devenons ainsi indépendant financièrement grâce à notre blogue. C’est ainsi que l’aventure continue, notre aventure, sur de bonnes perspectives…

Cinq ans, dix ans ou plus, c’est avec émerveillement que nous découvrirons que nous avons à notre actif des centaines d’articles qui traitent chacun d’une belle époque de notre vie. Oui c’est ça un blogue : une toile sur laquelle nous déposons, couche après couche, les plus belles couleurs qui illuminent notre quotidien et qui parfois nous ont réveillés tard la nuit. Et c’est cela sans doute, le vrai journal intime. Intime par son contenu et surtout par les souvenirs de nous, de notre société et de notre époque qu’il a su conserver grâce à nous pendant que nous nous confions à lui : notre ami, notre confident.

 


Sur le pont de Madina (deuxième partie)

Marché de Madina, Alpha Oumar Baldé CC doudoufine.mondoblog.org

Après un laps temps de repos qui lui a permis de reprendre son souffle, Amadou fut interpellé par un vendeur un peu spécial :

– Patron, patron, bonsoir !

– Bonsoir.

– Patron, regardez, j’ai ici avec moi une belle veste qui vous irait à merveille, pourquoi ne pas l’essayer ?

Et sans même donner le temps à Amadou de lui répondre, le vendeur sorti une belle veste de son sac qu’il brandissait fièrement devant les yeux de Amadou qui s’émerveillèrent.

Effectivement, c’était bel et bien une magnifique veste à la couture très soignée. Un blaser cousu à la main au tissu doux sur lequel Amadou posa sa main pour sentir la texture. Puis il demanda :

– ça coûte combien ?

– Ah patron, 200.000 francs seulement ! Et c’est avec son pantalon. Le vendeur tira de son sac le pantalon en question et le tendit à Amadou.

– Ah d’accord. Et le dernier prix alors ?

– Patron, pour vous, je vous laisse à 180.000 francs dernier ; sans discuter ! C’est le meilleur prix sur le marché. Dans les centres commerciaux, cette veste se vend à 500.000 francs, dernier. Mais moi je vous la vends ainsi à petit prix : 180.000, cadeau !

– OK ; il fait nuit, je ne vais pas trop discuter avec toi car je n’avais pas prévu d’acheter quoi que ce soit aujourd’hui et ma voiture est tombée en panne… Donc si tu es d’accord pour me laisser à 150.000 je peux la payer ce soir sinon, on se dit au-revoir, OK ?!

– D’accord patron, pas de soucis, envoyé l’argent.

Marché conclus, Amadou acheta la veste au prix extraordinaire de 150.000 francs guinéens, une veste de luxe qui, normalement, ne coûterait pas moins de 500.000 francs guinéens. Et Amadou était content, on pouvait lire à nouveau la joie sur son visage ! Cette nouvelle acquisition vient d’effacer son petit souci de voiture. « Tiens, je sortirai avec cette veste le 31 décembre ! » se dit-il intérieurement !

Le vendeur a fini d’emballer la veste dans un sachet en plastique noir. Il prit soin de bien l’attacher, de telle sorte que personne ne puisse l’ouvrir et d’y jeter un coup d’œil. A moins que l’on ne le déchire.

– Tenez, merci patron !

Amadou prit son sachet ou je devrais dire son ballon, tellement ce sachet était bien serré et bien rond à tel point que seuls des ongles biens dures pouvaient en venir à bout et l’ouvrir ! Il le prit et s’en alla vers le carrefour où les taxis l’attendaient, impatients.

Amadou n’a eu aucun mal à obtenir une voiture ce soir ; il prit place dans un taxi de Conakry et fila droit vers son domicile…


Une lettre à mon cadre

Cher patron,

Aujourd’hui, je ne ferai aucun détour : j’irai droit au but. Comme on le dit souvent dans la cité : « l’argent ne fait pas le bonheur ! » mais en tout cas pour vous, l’argent a fait votre bonheur !

De l’argent, vous en avez beaucoup ! Tellement beaucoup que vous êtes obligé d’en confier à votre banque qui vous dit ceci :

– « oh, là ! Monsieur, quelle belle somme vous nous confiez là ; puis-je vous demander d’où provient tout ça ?! »

– « Rien à f**tre, tenez ; prenez un peu et f**tez-moi la paix ! »

– « D’accord Monsieur, sachez qu’ici – dans cette banque – le client (qui a beaucoup d’argent) est toujours le roi et doit, en conséquent, être traité comme tel ! »

– « (…) »

Eh oui, c’est vous le roi ! Un compte bancaire avec plus de six chiffres et en devises étrangères, c’est tout à fait votre image, ça ! Vous avez des comptes dans toutes les grandes banques du pays et même ailleurs – vous savez, le genre de comptes que l’on appelle « offshore » ! Ces comptes « offshore », véritables trous noirs, dans lesquels sont engloutis tout l’argent de l’état que vous faites sortir en douce…

Des chiffres, vous en avez la-bas ; les devises, vous en connaissez ! Et vous savez comment les obtenir. Vous avez plein de petites combines et pleins de couloirs obscurs par lesquels vous passez pour faire sortir en douce l’argent de l’État, votre magot, votre « précieux » que vous obtenez – oh – très facilement !

Comment ?

Pour l’obtenir, pfff, rien de plus simple pour vous, n’est-ce pas ?! Une petite signature et hop-là, le tour est joué !

Pas un jour ne passe sans que vous ne fassiez votre farce et que vous ne sortiez votre belle tronche de paresseux au gros ventre que la paresse elle-même a répudié – euh – pour faire quoi au juste ? Et bien ce que vous savez faire le mieux dans ce bas monde c’est-à-dire : le vol, et le détournement de fonds publiques !

Vous vous adonnez à fond dans « votre » métier ; la preuve : votre brave corps en porte les stigmates… C’est quoi ce ventre là ; hein, mon patron !?

Ne seraient-ce pas tout ces millions qui ressortent par là, qui enflent au point que les gens vous confondent à des – je vous laisse deviner quoi – qui coassent. Attention à vous, voyez-en avec votre médecin car un gros ventre c’est pas bon ça ! Il faut que vous recrachiez un peu, sinon la (di)gestion administrative en pâtira et tout l’organisme de l’état se paralysera ! On appelle ça de l’AVC (Argent Volé ou Corrompu), ça paralyse tout l’organisme étatique et pas que – si seulement vous vous en soucier un peu ( de la santé) de vos concitoyens, peut-être vous comprendriez ! Non ? Laissez-moi vous expliquez :

Tout ces millions là étaient destinés à plusieurs ventres mais vous vous en êtes accaparés et – seuls – vous les avez engloutis ; résultat : votre ventre est devenu plus gros que les camions citernes qui circulaient dans nos quartiers défavorisés pour distribuer de l’eau potable, vous vous en souvenez ?

Une citerne à eau potable

Vos cheveux sont devenus gris comme les hôpitaux que vous pillez et que vous avez poussez à l’agonie. Et maintenant, ne vous étonnez pas de boiter car les nids-de-poules ça créer des accident de voie publique, vous êtes tombé dans votre propre trou ! Et maintenant, ne vous étonnez pas de voir que vous êtes coincés entre deux montagnes de déchets, des immondices que vous n’arrivez pas à gérer et à collecter convenablement. Mais ce n’est pas grave vous préférer faire la promotion de l’analphabétisme en disant à vos chers enfants, qui sont en fait ceux de vos concitoyens, de rester à la maison : congés forcés pour le petit écolier guinéen pendant que tous vos enfants sont parti poursuivre leurs études à l’extérieur. Cela fait des semaines que nos élèves ne vont pas à l’école. Voyez-vous où on en est ? La situation de l’organisme étatique est devenue critique : il y a grève (de la faim) partout !

Les élèves ont faim, ils manquent de savoir et de nourriture ! Les enseignants ont faim, ils manquent de salaires, de salaires et encore de salaires – alors que vous vous accaparez de tout notre argent et que vous le gardez pour vous seulement ! C’est ça la vérité. Bien-sûr que si ! Mais quand on vous le dit, quand on vous le reproche : vous devenez plus rocailleux que nos routes, nos pauvres vieilles routes délabrées !

Excusez-moi, mais il faut que l’on vous le dise : nos routes sont mauvaises

Elles sont vieilles et n’ont pas été rénovées correctement. Pour celles qui ont pu être retouchées, vous constaterez qu’elles ont vites été délabrées parce que leur rénovation a été bâclée. Comment expliquez-vous qu’une route construite il y a plus de vingt-ans soit en meilleur état que celle que vous construisez de nos jours ? À peine deux ans de vie, elle sont parsemées de nids-de-poules et les panneaux photovoltaïques ne marchent plus : tout simplement le travail a été bâclé !

Comme le dit une autre assertion très populaire dans ma cité :

« Petit-argent donne petit-travail »

Vous avez donnez un « petit-argent » pour confectionner de nouvelles routes qui ne tiennent même pas plus de deux ans alors que les anciennes, elles, ont tenu plus de 20 ans minimum ! Et je vous parle même pas de la situation dans le pays profond que vous avez abandonné et où voyager est devenu synonyme d’aventure tellement les pistes rurales sont devenues impraticables et avec un risque de se faire dépouillé par des coupeurs de routes !

Vous le comprendrez mieux si vous descendez de vos voitures ‘’VA’’ climatisées tout terrains et que vous pataugiez dans la boue ou la poussière comme tous les citoyens lambda. En ce moment, et seulement en ce moment là que vous comprendrez le calvaire des guinéens – vos compatriotes !


Sur le pont de Madina (première partie)

Circulation fluide sur le pont de Madina après le « déménagement » des vendeurs qui occupaient le trottoir…

Ce soir-là Amadou rentrait du boulot avec le sourire. C’était au début du mois de décembre et il a reçu son salaire, un virement bancaire auquel il pourra accéder n’importe quand et n’importe où dans les agences de sa banque. Mais cela ne représente pas la raison principale de sa joie. Ce matin-là, en plus de son salaire, Amadou avait reçu sa prime de fin d’année : celle qui correspond au fameux 13ème mois dont en raffolent les fonctionnaires de grandes sociétés privées. Cette prime, il l’utilisera pour payer les loisirs et les sorties de fête de ce mois et peut-être pour les vacances en famille … bref sans toucher à son vrai salaire qui lui est réservé pour payer le loyer, les impôts et les autres frais du quotidien…

Amadou rentrait tranquillement du boulot dans sa voiture quand soudain il entendit un bruit bizarre en provenance du moteur de son véhicule qui venait de lâcher . Il se gara du mieux qu’il pu puis jeta un coup d’œil dans son capot.

Après maintes tentatives pour rallumer la voiture, il décida d’appeler son mécanicien. Celui-ci le joindra au bout d’une demi-heure et finalement il optera pour lui laisser seul avec sa voiture et à rentrer chez lui car il commençait à faire nuit et Amadou loge loin.

Il dû marcher une centaine de mètres pour rejoindre le pont du grand marché de Madina. Pont par lequel il devrait passer pour rejoindre les taxis en destination directe de son lieu de résidence qui se situe dans la haute banlieue de Conakry. Il arrivait en sueur sur le pont de Madina après avoir gravi les nombreuses marches de celui-ci puis il fit une pause. C’est décidé, Amadou va reprendre sa gym très certainement car il s’est rendu compte de sa faiblesse dans les jambes et de la proéminence de son ventre. Toutes  ces heures qu’il passait assis dans son bureau climatisé lui ont fait prendre du poids et pousser le ventre. Ah, ce ventre, Amadou le détestait depuis son très jeune âge . Il se rappelait quand il était encore ce jeune étudiant svelte qui aimait se moquer des cadres. En classe, il profitait des heures creuses pour improviser de petites scènes de comédies dans lesquelles il imitait un grand fonctionnaire avec un gros ventre. Il enroulait une veste de l’un de ses camarades puis l’enfonçait sous sa chemise simulant ainsi un gros ventre. En même temps, il imitait la démarche et surtout les discours de ces fonctionnaires avec le ton qui va avec le charisme dont ils s’efforçaient de montrer. Ah Amadou, si seulement tu pouvais imaginer ce jour que voici : tu es devenu comme eux – ces fonctionnaires – toi aussi, avec ton gros ventre, essoufflé après une petite marche et quelques marches d’escaliers !…

Après ce laps temps de repos, Amadou peut enfin continuer son chemin, il est moins essoufflé… Mais à peine qu’il fit son premier pas, il fut interpellé par un vendeur un peu spécial :

– Patron, patron, bonsoir !

(…)


La police verte de Conakry

La police verte de Conakry
Et qui te dira ce qu’est la police verte de Conakry ?
  • La police verte de Conakry est chargée de l’assainissement de la ville . Notamment :
  1. En luttant contre le jet d’ordures dans les caniveaux et les abords des routes de la capitale .
  2. En interpellant toute personne surprise en train de jeter des ordures sur la voirie publique en dehors des poubelles installées aux abords des carrefours .
  3. Avec l’aide de la garde communale, lutter contre les occupations anarchiques des abords des routes par les vendeurs .
  4. Le ramassage d’ordures.
Circulation fluide sur le pont de Madina après le « déménagement » des vendeurs qui occupaient le trottoir…


Première rencontre

La première fois qu’Alpha vit Aïcha, il la trouva franchement petite. Elle lui déplut, enfin. Il n’aimait pas comment elle parlait. Un flot de paroles qu’il n’arrivait pas du tout à suivre. Lui qui était de nature calme, plutôt timide… mais en ce qui concerne les femmes, Alpha en avait de l’expérience, et du goût ! Il admirait cette petite femme ; elle avait la vingtaine, mais on aurait cru voir une poupée. Elle était mignonne, bien-sure ! Ses cheveux étaient lisses ce jour-là, bien tenus. Les cheveux lisses, ça demande des soins constants et Alpha aime ça : «  Voici une fille qui prend soin d’elle », se dit-il intérieurement. Il admirait maintenant la silhouette de cette charmante jeune fille…
Alpha ne saurait pas si elle était svelte ou ronde car elle portait un boubou, ce soir-là. Il la regardait, ses yeux scrutaient le moindre centimètre carré que pouvait laisser entrevoir ce magnifique tissu  traditionnel du Fouta que portait la jeune fille. Il lui en demeurait une impression vague, générale, de honte et d’attirance. Il se demandait même pourquoi. Il avait complètement baissé sa garde oubliant de voiler le regard séducteur qu’il lançait inconsciemment en direction de Aïcha !

La jeune fille lui sourit, ses joues se creusèrent puis elle se tut subitement, et personne n’osa rompre le silence. Alpha détourna son regard, visiblement gêné car la jeune fille à tout lu sur son visage ! Elle n’avait pas besoin d’un interprète pour sentir avec quelle intensité les yeux du jeune homme brillaient de milles feux quand il la regardait.

Une brise de vent frais de l’harmattan souffla sur la joue de Aïcha qui frissonna ; Alpha en obtient le prétexte idéal pour rompre le silence qu’il ne supportait plus :

– « Tu as froids ? »

La jeune fille lui répondit par un hochement de la tête puis sourit de nouveau. Ses joues se creusèrent…

– «  ça alors, une Foutaniènne qui n’ose pas la fraîcheur ?!» Cette phrase réussi à détendre l’atmosphère et  rompit définitivement le silence. Aïcha rit de nouveau et ses dents blanches émerveillaient Alpha qui pouvait continuer à rêver, beaucoup plus détendu maintenant…

La conversation est relancé, moins rapide. Cette fois-ci, Aïcha – bien détendue elle aussi – prenait le temps de bien articuler ses mots qui sonnent telle une mélodie harmonieuse dans les oreilles de Alpha. Progressivement, une complicité commençait à s’installer entre les deux jeunes gens.

Ce soir-là, ils se racontèrent à tour de rôle leurs vies. Ils s’échangèrent des regards doux, timides et très charmants puis vint le moment où il fallait se dire au-revoir. Alpha raccompagnait Aïcha qui habitait à deux pas du petit restaurant où Alpha l’avait invité. Elle lui tenait la main, car la jeune fille s’est rendue compte de la timidité de Alpha qui ne lui déplaisait pas du tout – bien au contraire, elle aimait cela. Elle lui dira plutard par texto : « t’es tt simplmt waouh ! ».


Étudier la Médecine en Guinée, un parcours de combattant

Faculté de Médecine.
Chacun  d’entre nous qui arrive ici est rempli d’espoir et est près à se jeter dans le vide par amour pour ce métier oh bien que noble qu’est celui de sauver des vies. Pour cela nous sommes prêts à sacrifier une bonne et belle partie de notre vie – notre jeunesse – pour y arriver. Être Médecin, sauver des vies demande beaucoup de sacrifices. Il faut étudier, se consacrer entièrement à ses études. Les années que nous passerons dans les différents hôpitaux seront les meilleures mais aussi les plus pires de nos vies ! Nous serons mis à rude épreuves, certains d’entre nous s’en sortirons et mèneront un belle carrière et d’autres échoueront et finiront par opter pour d’autres métiers moins exigeants car ici en faculté de Médecine seuls les plus courageux d’entre nous et les plus chanceux pourrons réussir. Pour être Médecin le chemin à parcourir est long et croyez-moi il n’y a que les plus courageux d’entre nous qui y parviennent : l’intelligence n’est qu’un coup de pouce !
Nous avons repris les stages cliniques depuis plus d’un mois ; l’épidémie du virus Ebola qui avait suspendu le stage précédent n’est plus qu’un mauvais souvenir qui nous a laisser un goût amère ! Les stages pratiques, nous les réalisons dans les différents Centres Hospitalo-universitaires de Conakry.

Aux yeux des Médecins qui nous encadrent, nous ne sommes ni plus ni moins que des stagiaires autant dire rien, personne ! Ils nous ordonnent de faire la ronde dans les salles des patients afin de vérifier leurs paramètres vitaux et remplissage des fiches de surveillance : le monitoring en quelque sorte, vu que les hôpitaux manquent cruellement (pour ne pas dire n’ont pas) d’équipement de surveillance des fonctions vitales des patients et pas que… donc le stagiaire est la machine qui est chargée de surveiller tout ! Cela représente une lourde responsabilité.

Nous recueillons les différentes plaintes des patients et nous sommes là quand les seniors réalisent les soins aux malades, nous écrivons les prescriptions et nous travaillons jusqu’à l’épuisement et surtout sans nous plaindre ! Mais cela ne nous dit rien, on encaisse et on se tait. Nous savons que tous les gestes qu’ils nous ordonnent de faire nous permettent de nous rapprocher des patients afin d’acquérir de l’expérience ce qui est le but ultime de notre formation !

Travailler de nuit, avoir des horaires complètement décalés avec des nuits blanches nous rend complètement en décalage par rapport au monde : on n’est pas dans le monde hein !

Non mais… Baver par certains moments et puis craquer et enfin prendre du recul sur la situation, s’auto-évaluer pour corriger ses défauts et enfin arriver à suivre le rythme, voilà le chemin tracé et voilà le dogme que nous sommes obligés de suivre ! Les anciens sont déjà passé par là, ils ont réussi ; pourquoi pas nous !? De nos jours, ils représentent l’élite, demain se sera à nous de les remplacer. Demain ce sera nous l’élite, nous devons travailler dur  pour mériter cette responsabilité future !
Le travail est un outil pour être heureux dans cette vie, le travail nous rend libre. Quand on commence à se sentir bien dans son travail c’est une excellente chose car cela nous rend beaucoup plus  performant et beaucoup plus productif.

En tant que nouveau, en tant que « bleu » nous savons comment reconnaître les signes de la satisfaction de nos maîtres quant à la qualité de notre travail que nous abattons tous les jours. Parmi ces signes il y a bel et bien : le respect ; la confiance ; le droit d’être appelé par son nom et enfin plus de bienveillance à notre égard c’est-à-dire l’assouplissement des tâches à accomplir et l’adoucissement des éventuelles sanctions ! Mais gare à toi le petit, le « nouveau » : ces signes sont souvent trompeurs car ils ne sont jamais définitifs. Tu dois te battre, persévérer pour pouvoir garder tout ces petits privilèges que les grands nous accordent. Les grands, les seniors ont des humeurs très changeantes qui fluctuent en longueur de journée !

A l’heure du bilan, si certains d’entre nous sont certains d’avoir réaliser un grand pas en avant, d’autres mesurent encore le chemin qui leurs restent à parcourir pour faire partir des médecins de demain. Quant à moi je garde patience, je baisse la tête et j’endure car l’avenir nous réserve plein de surprises comme nous le dit ce célèbre adage : « petit à petit l’oiseau fait son nid », ne brûlons pas les étapes – l’humilité précède la gloire : restons humbles !


Doudou, réactualise ton billet « l’erreur est humaine »

Je vous aime mes amis, surtout les plus sincères d’entre vous. Vous êtes là quand je crois que je n’ai besoin de personne et vous veillez sur moi malgré tout car vous voulez mon bonheur. Pour cela, vous n’hésitez pas une seule seconde à me conseiller et à me rappeler à l’ordre surtout quand vous remarquez que je commence à m’égarer sur le droit chemin.

– « Je te comprend car je te connais. Mais pas eux. Le problème c’est l’interprétation qu’ils vont donner à ton billet. » Annadjib

Le 4 décembre, dimanche, j’ai publié un billet et je sais que beaucoup d’entre vous l’ont lu. Certains ont aimé, ont compati, s’y sont retrouvé, ont rit ou encore se sont moqués… et d’autres comme notre Président fondateur du Gondwana Mondoblog ont rougis et se sont ‘’très-très’’ fâchés contre moi ! Désolé…

Mon article précédent ‘’Mondoblog à marché sur mes doigts’’, très pertinent – avouons-le, est une chaude critique à propos de la sélection des mondoblogeurs pour la formation qui s’est déroulée à Madagascar. Si dans l’ensemble nous sommes d’accord sur le fait que vous avez manger du riz là-bas, à Madagascar et que vous avez fait la fête. Vous, mes chers amis et mon président fondateur, vous avez attiré mon attention sur un facteur primordial qu’est le respect et la convivialité. Vous avez parfaitement raison ! Sur ce point là je reconnais avoir agit sous l’effet de la colère… Je ne le dirais jamais assez : l’erreur est humaine, et vous me l’avez rappelé :

Simon :« Bonjour Alpha Oumar Baldé ,

Chaque année c’est la même, il y a des gens sélectionnés (une minorité) et des gens non-sélectionnés (une majorité)…Désolé que vous fassiez partie de la deuxième catégorie.

Sachez que, en tant que co-fondateur de ce projet, je prends ce genre d’article très au sérieux.
Comme vous le dites si bien « l’erreur est humaine »
https://doudoufine.mondoblog.org/2016/09/04/attention-lerreur-humaine/
Vous citez également Gilbert Louvain (si il a raison, j’eu aussi aimé savoir qui il est)
« Avant de critiquer il faut savoir se mettre à la place de celui ou de ceux que l’on critique. »

Alors oui, l’erreur est humaine, et d’ailleurs ce sont des êtres humains qui sélectionnent chaque année les blogueurs « les plus méritants » parmi 100 voire 150 blogueurs. C’est souvent un arrache-cœur de savoir qu’on a pas réussi à faire rentrer tel ou tel blogueur dans la sélection. C’est aussi une joie d’avoir rattrapé tel candidat grâce à un procédé ouvert (avec les anciens sélectionnés) de sélection. Parce que oui, aussi, en tant qu’êtres humains, nous lisons chacun de vos billets, on vous imagine à distance, on essaye de vous aider avec bienveillance, et on s’attache… Ce serait tellement plus pratique d’inviter les 50 blogueurs générant le plus de trafic, le plus de likes… Ce serait tellement plus facile de faire une newsletter automatisée. Nous ne fonctionnons pas comme ça, l’être humain et le respect de l’autre sont au coeur du projet et je peux le démontrer très facilement.

Sachez que chaque année, nous rattrapons ce type d’erreurs, en invitant des blogueurs de saisons précédentes qui ont soit échappé à nos radars, soit qui n’ont pas (à cause de leurs études, de leur travail) pu montrer de quoi ils étaient capables.

Enfin, et là c’est moi qui suis fâché, nous n’avons jamais été « avare et insatisfait »… Si vous avez compris cela de Mondoblog, alors on s’est mal compris.

Si dans toute critique peut se cacher un fond de vérité… Les critiques, pour être constructives, doivent néanmoins être bienveillantes et pas gratuites… Votre article, sous le coup de l’énervement, comporte en effet plusieurs erreurs, approximations, voire mensonges de votre part.

Je suis ouvert à en débattre avec vous .»

« avant de critiquer il faut savoir se mettre à la place de celui ou de ceux que l’on critique. » Gilbert Louvain

Voilà un beau proverbe sur lequel j’ai longuement médité avant d’écrire ce billet. Je sais maintenant que vous n’êtes pas avare et éternellement insatisfait, la preuve Ousmane à bien été nourri, là-bas, à Madagascar (intellectuellement et aussi par du riz!)…

Voilà, je vous devais des excuses car vous êtes mes aînés. En tant qu’africain, guinéen, il est de coutume chez moi de demander pardon à ses aînés quand ceux-ci se fâchent contre vous. Je me suis égaré, je l’ai compris (mais trop tard) et j’en suis profondément désolé. Si je vous ai fait part de mon mécontentement c’était pour me libérer de toutes mes rancunes car je n’en garde jamais. Je n’aime pas les rancunes, ce n’est pas ‘’doudou’’.

Moi je vous pardonne… Me pardonnerez-vous ?

Je remercie Annadjib, Sally billaly Sow et Ousmane Diallo qui m’ont beaucoup conseillé. Merci également Réné Jackson, Soucaneau Gabriel et aussi ABLOGUI pour l’intérêt que vous accordez à mes articles (et à moi). Et… courage à tous les Mondoblogueurs : les gondwanais lambda ( ceux de la ‘’majorité’’) et les « en-haut-de-en-haut » ( ceux de la ‘’minorité’’) !

Encore une fois pardon. Pardon à tous ceux de près ou de loin que j’ai agacé ou à qui j’ai manqué de respect. Je m’en excuse et je suis profondément désolé.

Merci.