COP29 : Une farce climatique aux dépens de l’Afrique et de la planète

Article : COP29 : Une farce climatique aux dépens de l’Afrique et de la planète
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24 novembre 2024

COP29 : Une farce climatique aux dépens de l’Afrique et de la planète

La 29e Conférence des Parties (COP29) sur le changement climatique, événement annuel organisé sous l’égide de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), devait être une opportunité majeure pour prendre des mesures décisives contre le réchauffement climatique. Pourtant, derrière les discours bien rodés et les promesses ambitieuses se cache une réalité bien différente : un mécanisme qui, une fois de plus, privilégie les intérêts des pays industrialisés tout en sacrifiant l’environnement des pays en développement, et notamment celui du continent africain.

COP29 : Qu’est-ce que c’est réellement ?

La COP29, comme ses prédécesseurs, réunit les représentants des gouvernements, des ONG, des entreprises et des scientifiques pour discuter des moyens de limiter le réchauffement climatique. Les sujets phares de cette édition incluent :

  • La régulation des émissions de gaz à effet de serre.
  • L’adaptation des communautés vulnérables aux effets du climat.
  • Le financement climatique, notamment via l’achat et la vente de crédits carbone.

Le concept des crédits carbone repose sur une idée simple : les entreprises ou pays qui ne parviennent pas à réduire leurs émissions peuvent compenser en finançant des projets écologiques ailleurs, souvent dans des pays en développement. En théorie, cela permettrait de réduire les émissions globales tout en soutenant les économies émergentes. Mais en pratique, ce mécanisme favorise l’injustice climatique et prolonge la destruction environnementale.


Pourquoi l’Afrique ne devrait pas adhérer à la COP29

Si la COP29 se présente comme une solution mondiale au changement climatique, les pays africains devraient s’en méfier pour plusieurs raisons :

1. La marchandisation des ressources naturelles

La vente de crédits carbone encourage les pays africains à brader leurs précieuses forêts et autres écosystèmes pour compenser les émissions des pays riches. Ces crédits permettent aux industries polluantes du Nord de continuer à émettre du CO₂ sans changer leurs pratiques, prolongeant ainsi les dégâts climatiques globaux.

Les forêts africaines, comme le bassin du Congo, jouent un rôle crucial en tant que puits de carbone. Les convertir en crédits carbone, c’est accepter qu’elles soient exploitées au profit des multinationales, tout en privant les populations locales de leurs moyens de subsistance.

2. Une nouvelle forme de colonialisme environnemental

La COP29 s’inscrit dans une logique où les pays du Nord, responsables de la majorité des émissions historiques, imposent des solutions qui bénéficient avant tout à leurs intérêts économiques. Ces « solutions » se traduisent par un transfert des responsabilités vers les pays du Sud, contraints de porter le fardeau du changement climatique sans les ressources adéquates.

3. Le sabotage des opportunités locales

En se concentrant sur des mécanismes comme les crédits carbone, les initiatives locales en faveur d’une transition énergétique durable et respectueuse des réalités africaines sont souvent négligées. Ces projets sont pourtant essentiels pour garantir un développement véritablement écologique et équitable.

4. Un climat d’urgence qui masque des contradictions

Les discussions autour des émissions de carbone ignorent souvent le fait que les pays africains sont les moins responsables du réchauffement climatique. Selon plusieurs études, l’Afrique émet moins de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pourquoi devrait-elle alors payer pour les excès des pays industrialisés ?

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Les crédits carbone : une pratique honteuse à bannir

Les crédits carbone ne sont rien d’autre qu’un droit à polluer vendu au plus offrant. Cette pratique permet aux pays riches de maintenir leur dépendance aux énergies fossiles tout en évitant des changements structurels profonds.

En Afrique, cette approche risque d’encourager :

  • La déforestation déguisée, sous prétexte de développer des projets certifiés pour les crédits carbone.
  • L’accaparement des terres par des multinationales, au détriment des communautés locales.
  • La perte de souveraineté environnementale, les décisions étant souvent dictées par des institutions étrangères.

Plutôt que de vendre leurs ressources naturelles, les pays africains devraient les préserver pour leur propre avenir et celui de leurs populations.


Une alternative : dire non et agir autrement

L’Afrique a le potentiel de devenir un leader mondial de la résilience climatique, mais cela ne passera pas par la soumission à des mécanismes comme ceux proposés à la COP29. Voici quelques pistes pour un engagement plus durable et respectueux :

  1. Reprendre le contrôle des ressources : Les forêts africaines doivent être protégées, non marchandisées. Cela passe par des politiques strictes contre la déforestation et l’exploitation abusive.
  2. Investir dans les énergies renouvelables : Plutôt que de dépendre des financements internationaux biaisés, les pays africains doivent mobiliser des ressources locales et régionales pour développer des infrastructures énergétiques propres.
  3. Créer une coalition climatique africaine : Une union des pays africains pourrait faire pression pour un système global plus équitable, où les responsabilités historiques des pollueurs seraient pleinement reconnues.

En conclusion : La COP29, une mascarade climatique

La COP29, malgré ses grandes promesses, perpétue un système profondément injuste. Les pays africains, au lieu de se plier à des accords déséquilibrés, devraient défendre leurs intérêts en refusant de vendre leurs forêts et en exigeant des changements structurels véritables.

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Le temps est venu pour l’Afrique de tracer sa propre voie en matière de climat, en mettant en avant des solutions locales et équitables. Si les pays industrialisés veulent réellement agir pour la planète, ils doivent arrêter d’acheter leur tranquillité avec des crédits carbone et réduire drastiquement leurs émissions, là où cela compte vraiment.

L’avenir du climat ne peut se bâtir sur des illusions. Il est temps de mettre fin à ces farces et d’exiger une justice climatique réelle.

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Commentaires

marinasyvine
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Un beau billet et qui présente des pistes de solutions concrètes (mais je crois que la solution 2 est un peu trop utopique, à mon avis). Je vous rejoins sur le fait que l'Afrique doit travailler d'arrache-pied pour proposer des solutions adaptées à sa propre réalite, d'autant plus qu'elle est celle qui émet moins de 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, comme cité ci-haut. Merci pour la simplicité et la pertinence du raisonnement avancé!