À la rencontre de Condé Abdoulaye, jeune candidat à la migration irrégulière

À l’occasion d’une rencontre fortuite, j’ai recueilli le témoignage d’un jeune élève qui ambitionne de partir en Europe via la migration irrégulière.

Condé Abdoulaye est un jeune élève de 24 ans en Terminale en science sociales cette année. Comme ses ami·e·s qui ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe il y a quelques mois de cela, Abdoulaye caresse l’idée de partir à l’aventure pour tenter sa chance quoi qu’il en coûte. Mais pour cela, il lui faut entre autres de l’argent. Une belle somme d’argent : 2 000 € ! Il accepte de nous parler de ce qui l’empêche jusqu’à présent d’aller au Maroc, de traverser la Méditerranée pour rejoindre ses ami·e·s…

Est-ce que tu as des ambitions pour aller en Europe ?

Bien-sûr que j’ai des ambitions pour aller en Europe. Mais ce qui me retarde, c’est que je n’ai pas le départ !

Quand tu dis “le départ”, c’est à peu près combien de millions de francs guinéens ?

Ça peut être 30 ou 35 millions, comme ça… Je dois prendre le vol pour descendre au Maroc, puis je vais essayer de traverser. Parce que certains de mes amis, qui sont rentrés, lorsque je leur ai demandés, ils m’ont dit qu’ils ont tous traversé à 1 500 €. Donc pour quitter, ici, à Conakry, pour descendre au Maroc, j’ai calculé le transport. Parfois, ça varie… J’ai appelé un grand frère qui est à Paris, il m’a dit que pour traverser, le transport varie beaucoup et peut atteindre environ 9 millions de francs guinéens. Donc, j’ai calculé ça sans compter mon argent de poche, ce qui me donnerait en tout 1 500 ou 2 000 € pour traverser.

Selon tes amis, est-ce que la migration est possible en ce moment, avec la Covid-19 et la fermeture des frontières ?

Pendant que j’échangeais avec mes amis, eux avaient déjà tous traversé. Mais pour le moment, je ne suis pas en ligne. Cela fait 5 mois depuis que je ne me suis pas connecté. J’ai perdu mon téléphone Android et je n’échange pas avec mes amis. Donc pour le moment, je n’ai aucune information.

Ils sont des centaines, voire des milliers de jeunes hommes et femmes à vouloir tenter d’accéder à l’Europe, leur Eldorado. Mais comme pour ceux avant eux qui ont déjà tenté la traversée de la méditerranée, Condé Abdoulaye ne se doute pas une seconde des dangers qui le guettent, car les risques sont innombrables. Pour l’heure, Abdoulaye est coincé ici, comme il le dit, « faute d’argent ». Espérons que le temps qui se prolonge lui apporte plus de clairvoyance et de sagesse afin de revenir à des moyens de migration plus sûrs, des moyens légaux !