Une lettre à mon cadre

Article : Une lettre à mon cadre
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19 février 2017

Une lettre à mon cadre

Cher patron,

Aujourd’hui, je ne ferai aucun détour : j’irai droit au but. Comme on le dit souvent dans la cité : « l’argent ne fait pas le bonheur ! » mais en tout cas pour vous, l’argent a fait votre bonheur !

De l’argent, vous en avez beaucoup ! Tellement beaucoup que vous êtes obligé d’en confier à votre banque qui vous dit ceci :

– « oh, là ! Monsieur, quelle belle somme vous nous confiez là ; puis-je vous demander d’où provient tout ça ?! »

– « Rien à f**tre, tenez ; prenez un peu et f**tez-moi la paix ! »

– « D’accord Monsieur, sachez qu’ici – dans cette banque – le client (qui a beaucoup d’argent) est toujours le roi et doit, en conséquent, être traité comme tel ! »

– « (…) »

Eh oui, c’est vous le roi ! Un compte bancaire avec plus de six chiffres et en devises étrangères, c’est tout à fait votre image, ça ! Vous avez des comptes dans toutes les grandes banques du pays et même ailleurs – vous savez, le genre de comptes que l’on appelle « offshore » ! Ces comptes « offshore », véritables trous noirs, dans lesquels sont engloutis tout l’argent de l’état que vous faites sortir en douce…

Des chiffres, vous en avez la-bas ; les devises, vous en connaissez ! Et vous savez comment les obtenir. Vous avez plein de petites combines et pleins de couloirs obscurs par lesquels vous passez pour faire sortir en douce l’argent de l’État, votre magot, votre « précieux » que vous obtenez – oh – très facilement !

Comment ?

Pour l’obtenir, pfff, rien de plus simple pour vous, n’est-ce pas ?! Une petite signature et hop-là, le tour est joué !

Pas un jour ne passe sans que vous ne fassiez votre farce et que vous ne sortiez votre belle tronche de paresseux au gros ventre que la paresse elle-même a répudié – euh – pour faire quoi au juste ? Et bien ce que vous savez faire le mieux dans ce bas monde c’est-à-dire : le vol, et le détournement de fonds publiques !

Vous vous adonnez à fond dans « votre » métier ; la preuve : votre brave corps en porte les stigmates… C’est quoi ce ventre là ; hein, mon patron !?

Ne seraient-ce pas tout ces millions qui ressortent par là, qui enflent au point que les gens vous confondent à des – je vous laisse deviner quoi – qui coassent. Attention à vous, voyez-en avec votre médecin car un gros ventre c’est pas bon ça ! Il faut que vous recrachiez un peu, sinon la (di)gestion administrative en pâtira et tout l’organisme de l’état se paralysera ! On appelle ça de l’AVC (Argent Volé ou Corrompu), ça paralyse tout l’organisme étatique et pas que – si seulement vous vous en soucier un peu ( de la santé) de vos concitoyens, peut-être vous comprendriez ! Non ? Laissez-moi vous expliquez :

Tout ces millions là étaient destinés à plusieurs ventres mais vous vous en êtes accaparés et – seuls – vous les avez engloutis ; résultat : votre ventre est devenu plus gros que les camions citernes qui circulaient dans nos quartiers défavorisés pour distribuer de l’eau potable, vous vous en souvenez ?

Une citerne à eau potable

Vos cheveux sont devenus gris comme les hôpitaux que vous pillez et que vous avez poussez à l’agonie. Et maintenant, ne vous étonnez pas de boiter car les nids-de-poules ça créer des accident de voie publique, vous êtes tombé dans votre propre trou ! Et maintenant, ne vous étonnez pas de voir que vous êtes coincés entre deux montagnes de déchets, des immondices que vous n’arrivez pas à gérer et à collecter convenablement. Mais ce n’est pas grave vous préférer faire la promotion de l’analphabétisme en disant à vos chers enfants, qui sont en fait ceux de vos concitoyens, de rester à la maison : congés forcés pour le petit écolier guinéen pendant que tous vos enfants sont parti poursuivre leurs études à l’extérieur. Cela fait des semaines que nos élèves ne vont pas à l’école. Voyez-vous où on en est ? La situation de l’organisme étatique est devenue critique : il y a grève (de la faim) partout !

Les élèves ont faim, ils manquent de savoir et de nourriture ! Les enseignants ont faim, ils manquent de salaires, de salaires et encore de salaires – alors que vous vous accaparez de tout notre argent et que vous le gardez pour vous seulement ! C’est ça la vérité. Bien-sûr que si ! Mais quand on vous le dit, quand on vous le reproche : vous devenez plus rocailleux que nos routes, nos pauvres vieilles routes délabrées !

Excusez-moi, mais il faut que l’on vous le dise : nos routes sont mauvaises

Elles sont vieilles et n’ont pas été rénovées correctement. Pour celles qui ont pu être retouchées, vous constaterez qu’elles ont vites été délabrées parce que leur rénovation a été bâclée. Comment expliquez-vous qu’une route construite il y a plus de vingt-ans soit en meilleur état que celle que vous construisez de nos jours ? À peine deux ans de vie, elle sont parsemées de nids-de-poules et les panneaux photovoltaïques ne marchent plus : tout simplement le travail a été bâclé !

Comme le dit une autre assertion très populaire dans ma cité :

« Petit-argent donne petit-travail »

Vous avez donnez un « petit-argent » pour confectionner de nouvelles routes qui ne tiennent même pas plus de deux ans alors que les anciennes, elles, ont tenu plus de 20 ans minimum ! Et je vous parle même pas de la situation dans le pays profond que vous avez abandonné et où voyager est devenu synonyme d’aventure tellement les pistes rurales sont devenues impraticables et avec un risque de se faire dépouillé par des coupeurs de routes !

Vous le comprendrez mieux si vous descendez de vos voitures ‘’VA’’ climatisées tout terrains et que vous pataugiez dans la boue ou la poussière comme tous les citoyens lambda. En ce moment, et seulement en ce moment là que vous comprendrez le calvaire des guinéens – vos compatriotes !

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