Alpha Oumar Baldé

L’impact de la Covid-19 sur la migration irrégulière en Guinée

Les tendances du flux migratoire en Guinée constatées par des responsables au sein de l’OIM et de l’OGLMI.

La crise sanitaire due au Covid-19 a entraîné de profonds changements dans le flux migratoire en Guinée notamment sur la migration irrégulière. Les restrictions de voyages instaurées pendant le confinement par les gouvernements sont en train de disparaître. À l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), on constate une perturbation des départs vers l’Europe.

« En général la migration a été perturbée, parce qu’on a vu de plus en plus de frontières fermées. À un moment donné je pense que l’intégralité des frontières étaient fermées et chaque pays appelait ses habitants à rester à la maison. Pendant ce temps la société continuait, ça veut dire qu’il y avait des enjeux sociaux qui poussaient les jeunes à partir qui devenaient de plus en plus grands pour d’autres pays comme la Guinée notamment. Donc cela n’a pas forcément freiné ». (Doumbouya Mohamed, Cellule de communication de l’OIM)

Du côté de l’Organisation Guinéenne pour la Lutte contre la Migration Irrégulière (OGLMI), le même constat a été évoqué :

« Nous on a constaté beaucoup de choses. Entre 2020 et 2021, il y a eu ce qu’on appelle un blocage dans les pays de transit. Il y eut beaucoup de jeunes qui étaient bloqués au Niger, en Libye et l’Algérie qui voulaient revenir au pays mais en ce moment même l’Organisation Internationale pour la Migration n’était pas en mesure de ramener ces jeunes. Juste après quelque six ou sept mois, ils ont pu créer un cordon humanitaire pour pouvoir amener certains jeunes ». (Diallo Elhadj Mohamed, président de l’OGLMI)

Tel est le constat rapporté par les deux responsables au sein de l’OIM et de l’OGLMI. La fermeture des frontières pendant le pic de la pandémie a eu un effet de ralentissement, voire l’arrêt de la migration en général.

Par ailleurs, il convient de préciser que la tendance actuelle est toujours marquée « Amélioration », lit-on sur le site Quand Partir, mais que les voyages en Guinée sont soumis à des conditions.

Il reste à savoir si ses conditions (une fois levées) ne seront pas suivies d’une rehausse du flux migration à la fin de cette pandémie…

* Cet article a été rédigé dans le contexte d’une master classe en journalisme organisée dans le cadre du projet Migrants as Messengers


Sankhon, une jeune fille aux multiples talents

À la rencontre de Sankhon Fatoumata, une jeune entrepreneuse aux multiples talents.

Assise derrière une machine à coudre, calme, Sankhon nous accueille avec un sourire et accepte de nous parler de son parcours.

Diplômée en télécommunication à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC), Sankhon Fatoumata est une entrepreneuse qui fait du tricotage avec des boucles d’oreille tout en apprenant le métier de la couture et aussi la musique. Elle nous explique pourquoi :

« Au départ, j’ai cherché à obtenir des stages et du travail un peu partout, mais je n’ai pas pu l’obtenir. C’est ce qui m’a motivée à me lancer dans l’entreprenariat pour me débrouiller. Si j’ai des opportunités pour trouver des formations, je le fais en même temps ».

« C’est quelque chose que j’ai commencé à l’enfance »

Sankhon manie aussi bien les mots que le tricotage, son métier, qui est aussi son hobbit depuis son tout jeune âge, nous dit-elle : « au départ, je ne prenais pas ça au sérieux. Maintenant, j’ai décidé de m’investir à fond. » C’est ce qui l’a poussé à monter sa propre « affaire », grâce à l’appui de l’Atelier solidaire, son lieu de travail où il règne une atmosphère de calme et de sérénité. Sankhon nous montre le résultat de son travail, dans un petit sachet, elle sort sa dernière création : des boucles d’oreille tricotées aux multiples couleurs…

Sankhon Fatoumata

« J’apprends aussi la couture, j’aime tout ce qui est art »

« Déjà, je suis passionnée de musique, de R&B, de l’afro… J’écoute un peu de tout », Fatoumata fait aussi ses débuts en musique, mais affirme qu’elle a encore le trac devant un public ou une simple entrevue : « Je stresse » ! Chose qu’elle compte bien surmonter pour se lancer à fond dans la carrière musicale. Timide ou intimidée ? Sankhon refuse donc de nous faire un A cappella.

Sankhon écrit des textes et compose de la musique dans son temps libre et essaie de gérer son activité pour se libérer du temps pour la musique.

Sankhon apprend aussi la couture. Plus tard, elle compte aussi transmettre son savoir à la jeune génération mais aussi à toute personne désireuse d’apprendre à tricoter et à coudre.

Ses parents, un soutien pour elle

Cette jeune fille célibataire de 26 ans au sourire charmeur vit chez ses parents qui lui ont encouragé à pousser ses études et à obtenir son diplôme de Licence en télécoms : « à un moment donné, j’ai même arrêté d’aller en cours à la fac, mais ce sont mes parents qui m’ont beaucoup conseillée et encouragée de terminer mes études ».

« C’est difficile pour une femme »

« Quand on est une femme, on doit travailler encore mille fois pour réussir ». Sankhon rencontre des difficultés dans son quotidien. Dans son travail de tricotage, par exemple, elle nous explique qu’elle peut avoir des commandes avec certains clients qui, en fin de compte, ne viennent pas acheter.

« Ils « oublient » que nous fournissons de l’effort pour respecter les délais et que cela nous prend assez de temps et en fin de compte, ils ne viennent pas honorer leurs engagements. Et ça, c’est vraiment difficile, mais quand ton travail est bien fait, avec amour et passion, il y aura toujours quelqu’un pour racheter les commandes non honorées par certains clients. »

Une présence sur les réseaux-sociaux

« F-A-T-C-R-O-C-H-E-T », Sankhon est présente sur les réseaux sociaux et elle n’hésite pas à nous épeler le nom de sa page Facebook – Fat crochet où elle a au moins 500 abonnées, dit-elle.

Notre visite touche à sa fin. Avec la compagnie de Sankhon, on ne remarque pas le temps filer. Nous prîmes donc congé d’elle qui nous remercia de la visite et nous invita à revenir quand nous le voulons.

Cet article a été rédigé dans le contexte d’une master class en journalisme organisée dans le cadre du projet Migrants as Messengers.


Opinion : « Que pensez-vous de l’immigration clandestine ? »

La migration irrégulière est devenue un phénomène qui touche la majeure partie des jeunes guinéens. Dans mon quartier qui est situé dans la haute banlieue de Conakry, bon nombre de jeunes hommes sont tentés par l’aventure. Partir en Europe, traverser le Sahara et la Méditerranée. 

Mais si certains jeunes connaissent ou entendent parler des dangers liés à cette aventure, nombreux sont ceux qui ignorent tout de l’immigration clandestine et projettent tout de même de s’y lancer. C’est le cas de Mamadou, un jeune mécanicien qui me confia ceci :

« En Guinée, il y a pas le travail. Difficilement j’arrive à trouver des clients. Et même si je trouve, ils ne payent pas assez puisque il y a pas l’argent. Moi, si je gagne le prix de ce voyage pour partir en Europe, je jure que je vais y aller. »

Et lorsque je lui pose la question de savoir s’il est au courant des dangers et du risque qu’il perde la vie en essayant de traverser la méditerranée, il me répond :

« Eh, vieux. De toutes les façons, je mourrais un jour ou l’autre. D’ailleurs, nous tous nous visiterons les tombes. S’il faut que je meure là-bas, alors qu’il en soit ainsi. »

Plus loin, je rencontre un jeune élève. Il dit qu’il fait la 12e année et qu’il est au courant de la migration irrégulière, car il suit régulièrement les informations à la télé avant de rajouter :

« La migration irrégulière est certes une pratique dangereuse, mais nous sommes obligés puisque nos parents n’ont pas les moyens de nous inscrire dans les universités en occident. Et puis, de toute façon Campus France est devenu trop cher pour nous. En plus, on espère pas non plus avoir les bourses […] Donc, je ne peux pas dire que l’immigration là est une bonne ou une mauvaise chose. Chacun sa chance. »

Ce jeune élève, malgré sa connaissance des dangers liés à cette sorte de migration, ne la condamne pas pourtant. Car selon lui, Campus France, cet autre moyen d’immigrer en France et en Europe n’est pas à la portée de tout le monde, lui y compris.

Je termine enfin ma balade et mon interrogatoire, armé de mon bloc-note et de mon crayon en posant toujours deux questions, les mêmes :

« Que pensez-vous de la migration irrégulière ? » et « Êtes-vous au courant des dangers liés à celle-ci ? »

Aminata est la dernière personne à qui j’ai posé ces questions. Elle est couturière et elle va bientôt ouvrir sa propre boutique de couture :

« C’est quoi ? Moi je ne connais pas bien. Je veux aller en Europe, tout le monde dit que c’est le petit Paris alors si j’ai l’occasion d’y aller je vais me lancer. Je pense que c’est un peu risqué comme tout voyage. Que ce soit par voiture, par bateau ou par avion, il y a toujours un peu de risque. »

Ainsi a pris fin mon sondage d’opinion. L’immigration clandestine est un phénomène de société. Et comme tous les phénomènes de société, rien de tel que la rue à travers les opinions des gens, les passants ou les travailleurs pour exprimer au mieux les reflets des pensées des Guinéens lambda. Car oui, ce sont eux qui sont les premières victimes de ce phénomène.

En parlant de phénomène de société, est-ce que l’immigration irrégulière touche aussi bien les riches que les pauvres ?

Dites-nous ce que vous en pensez en commentaire !


En Guinée, les blogueurs s’impliquent dans la lutte contre la migration irrégulière

Ils sont en tout une vingtaine de blogueurs et web-activistes qui opèrent en ligne à avoir répondu à l’appel de l’ABLOGUI en vue d’une formation de deux jours dans le cadre de son rendez-vous annuel appelé BLOGCAMP224. Une formation autour du thème « bloguer pour informer, sensibiliser sur la migration », au cours de laquelle ils se sont penchés sur les questions liées au blogging d’une part, mais aussi à celles liées à la migration irrégulière.

L’objectif est de produire du contenu

« L’objectif est de produire du contenu : des billets de blogue, des articles, des vidéos, des podcasts pour diffuser de l’information sur les immigrations en Guinée » .

Mamadou Alfa Diallo, président de l’ABLOGUI

Rappelons-le, la Guinée est l’un des premiers pays de départ des jeunes immigrants clandestins en direction de l’Europe.

Chaque année, ce sont des milliers de jeunes guinéens qui tentent au péril de leur vie la traversée du désert et de la méditerranée pour rejoindre l’Europe. Selon une étude menée par l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), la guinée est classée 2e dans son programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR).

C’est dans cette optique que l’ABLOGUI a décidé de s’allier à l’UNESCO afin de lutter contre cette immigration irrégulière et réduire les dégâts causés par celle-ci à la société guinéenne.

Des résultats sont déjà visibles

Ce travail a abouti à la production des premiers contenus par les blogueurs : billets de blog, vidéos mais aussi podcasts. Ces contenus sont diffusés sur leurs blogs et chaînes YouTube respectifs. Mais aussi (et surtout), sur la nouvelle plateforme en ligne, animée par l’ABLOGUI, qui regroupera toutes les productions (articles, vidéos et podcasts) autour du thème de la migration irrégulière.

Cette plateforme est accessible via le lien suivant : https://blog.ablogui.org.



Partir ou rester ? Lettre à mon ami resté au pays

Source d’eau entre Bordj Mokhtar et Timiaouine, par Landytracks.

Mon ami,

Mon rêve, c’était de faire une balade aux Champs-Élysées. Tu connais ? C’est à Paris, en France : mon pays de rêve. Partir en Europe, avoir une belle vie, une vie de star. J’ai beaucoup prié pour qu’il se réalise. Mais hélas, ce rêve si doux s’est transformé en cauchemar pour moi.

Partir ou rester ? J’ai longtemps hésité avant de faire mon choix. Mon petit commerce ne marchait plus comme avant et je n’espérais pas trouver un travail aussitôt. J’avais plein de projets qui demandaient de l’argent : je voulais mettre la famille à l’abri du besoin et me marier. Il n’y avait donc qu’une seule voie qui rendrait cela possible pour moi : partir en Europe.

Et aujourd’hui je remercie Dieu, j’ai ouvert les yeux et la poudre de perlimpinpin qui m’a aspergé commence enfin à se dissiper. C’était le plus terrifiant de tous les cauchemars que j’ai vécu depuis que je suis né. Et une fois de plus je me sens sauvé, car je m’étais embourbé jusqu’au cou !

Ceci n’est pas une lettre d’adieu, et je ne veux pas te faire peur. OK, juste un tout petit peu. Car de toi et moi, je suis de loin le plus costaud. Même au footing, tu n’arrivais pas à faire la moitié de la distance que je parcourais. Je dis ça, je dis rien…

Mais, par contre, je sais que tu es le plus futé d’entre nous. Et c’est pour cela que j’espère que tu me comprendras, comme tu l’as déjà fait auparavant. Je ne vais pas te mentir, jamais de la vie.

Demain je rentre au pays. Ne t’excite pas tout de suite, car je ne viens pas par avion. Je n’ai pas réussi à gagner l’Europe. Je suis actuellement à bord d’un bus de l’OIM en direction de Conakry.

Tel un film dramatique, j’ai vu ma vie défiler devant mes yeux. J’ai été en même temps l’acteur et le spectateur dans ce cauchemar que j’ai vécu. Si bien qu’à un moment donné je me suis écrié : « hé Dieu, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?! ». Il fallait que je me débrouille pour m’en sortir dans des pays étrangers où je ne connaissais personne.

Je me souviens de cette traversée dans ce désert aride du Sahara. Je n’arrivais plus à m’orienter, partout où je regardais, c’était le sable à perte de vue. Et la chaleur, cette chaleur qui nous asséchait littéralement. Mon vieux, même le peu d’eau qui était censé nous désaltérer était devenue chaude et nous brûlait la gorge. Sans oublier qu’il n’y avait rien à se mettre sous la dent à part quelques biscuits secs. J’ai vécu l’enfer là-bas et j’ai cru que j’allais y rester. Mais mon pote, ça n’était qu’une partie de la galère que j’ai vécue.

La faim, la soif et la fatigue, je m’y attendais et je pouvais l’accepter. Mais ce qui me ronge jusqu’à présent c’est la manière dont les autres migrants et moi avons subi une exploitation sans précédent. Nous avons été vendus, séquestrés, battus et exploités comme un troupeau de bétail par nos passeurs qui avaient créés toute une industrie d’exploitation de migrants comme moi.

Le chauffeur qui nous avait conduit à Bamako nous a vendu aux passeurs maliens qui, à leur tour, nous ont refourgué aux Algériens qui en fin de compte nous ont livré au « gang algérien ». Tu imagines, « le gang algérien » ! Je n’ai jamais été membre d’aucun gang à Conakry, et me voilà dans les mains d’un gang en Algérie. D’ailleurs on ne peut pas comparer les gangs algériens à ceux de Conakry qui sont composés de jeunes adolescents à la fleur de l’âge. Ceux qui m’ont séquestré ici étaient plus âgées, en tout cas paraissaient plus matures, que nos jeunes larbins de Conakry.

Enfin bref, il fallait payer de l’argent. Pour retrouver la liberté, il le fallait d’une manière ou d’une autre. Et si tu n’as pas d’argent, ils t’arrachaient tout objet de valeur. Certaines de nos sœurs étaient obligées de se vendre pour payer leurs passeurs. Rien que d’y repenser, ça me retourne le cœur !

Partir ou rester ? Si l’on me pose encore cette question je n’hésiterai plus un instant car je sais ce que j’ai enduré. Et si toi aussi tu te poses la même question, sache que je ne te conseillerais que la voie légale. Continue tes études, cherche une bourse ou trouve une personne de bonne volonté qui pourra te soutenir. Ne tombe pas dans le même piège que moi. Mon pote, l’aventure dans le désert, les prisons pour migrants ou encore les gangs algériens : moi je dis assez ! Je devais te prévenir, alors je t’ai écrit pour te conseiller. C’est mon seul cadeau que je peux t’offrir pour le moment.

Porte toi bien, mon ami. 


Migration irrégulière : qu’est-ce qui pousse nos jeunes à partir?

Yannis Behrakis, Prix Pulitzer de la photo d'actu, 2015
Yannis Behrakis, Prix Pulitzer de la photo d’actu, 2015 — Flickr.com

En 2018, le programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) de l’OIM (Organisation Internationale pour la Migration) classait la Guinée comme étant le 2e pays d’origine des bénéficiaires de son programme d’aide. De nos jours, nombreux sont les jeunes guinéens qui sont tentés par l’aventure. Ils veulent traverser la méditerranée, rejoindre l’Europe. Même si certains ont choisi de rester, d’autres ont opté pour la migration : fuir les conditions de vie difficiles, les dures réalité de la Guinée.  Partir ou rester ? Telle est la question que se posent mes concitoyens. Les raisons sont multiples.

La pauvreté et le chômage

Le chômage est l’une des raisons principales qui pousse nos jeunes à partir pour l’Europe où ils espèrent obtenir du travail. En Guinée les données sur l’emploi sont insuffisantes. En 2019, l’Institut National de la Statistique évaluait le taux de chômage à 5,2 %, avec un taux de pauvreté de 47,3 %. Cette situation fait que beaucoup de nos jeunes qui terminent leurs études universitaires restent sans emploi. Ils sont donc obligés de se tourner vers les petits commerces afin de subvenir à leurs besoins. C’est le chômage qui entretient la pauvreté dans nos cités, créant ainsi le désespoir chez nos jeunes qui finissent par partir.

Le rôle de nos familles

Les familles occupent un rôle central dans la migration. En effet, les familles sont les premières bénéficiaires des aides apportées par les expatriés. De ce fait, il n’est pas rare qu’elles participent aux financement des projets de voyages de ceux-ci.

« il ne nous restait rien du tout, il a fallu qu’on appelle nos parents au pays qui nous ont envoyé de l’argent »

(Touré Abdoulaye, jeune migrant de retour au pays).

Il est aussi important de se rappeler que parmi les migrants, nous retrouvons des mineurs. Ce qui nous amènerait donc à conclure que certaines familles ou du moins certains membres de ces familles  financent le voyage de leurs enfants. Sinon, comment expliquer le fait que des enfants qui ne peuvent pas se payer le prix du voyage puissent traverser la méditerranée ?

Le manque de volonté politique

Concernant la migration irrégulière, les efforts fournis par nos dirigeants ne sont pas suffisants pour inciter nos jeunes à rester au pays. En effet, l’État doit créer suffisamment d’emplois afin d’embaucher un plus grand nombre de jeunes, notamment en renforçant les petites et moyennes entreprises (PME). Mais aussi en faisant des campagnes de sensibilisation afin d’inciter les jeunes à prendre conscience du danger lié à la migration irrégulière. Il y a beaucoup de secteurs qui, s’ ils sont bien développés par l’État, suffisent à générer des milliers d’emplois pour nos jeunes. C’est le cas de l’agriculture, de l’élevage, du tourisme et de l’industrie, l’aménagement urbain, etc. Donc l’État peut générer de l’emploi public et l’adapter aux compétences de leurs citoyens.

Enfin, même si tout nous pousse à partir, rester est le meilleur choix que nous devons accepter. Pour cela, il suffit de se donner la main afin de créer de meilleures conditions de vie et de travail pour nos jeunes. Nous sommes tous concernés, car un de nos proches est sûrement en train de se poser la question : partir ou rester ?


Toutes ces maladies négligées à tort

Schistosomiase chez un enfant Par Schistosomiasis in a child (Philippines)

Quel est le point commun entre la lèpre, le trachome et les géo-helminthiases ? Simple : ce sont toutes des maladies tropicales négligées. Leurs traitements sont simples et efficaces. Et pourtant elles sont si souvent trop négligées que l’on continue encore à subir leurs fléaux dans notre pays la Guinée mais aussi dans beaucoup d’autres nations en voie de développement.

Nous sommes tous à risque

Que ce soit par voie orale (alimentation et eau principalement) ou par contact avec des insectes vecteurs comme les mouches (glossine, simulie…), les moustiques présents dans notre environnement, nous sommes tous exposés à ces différents vecteurs. Alors la meilleure façon de se prémunir et de protéger ses proches reste la prévention à travers la sensibilisation. Connaître ces maladies est bien mais les faire connaître de son entourage est encore mieux. Car nous pouvons agir – oui tous ensemble – sur ces vecteurs de ces maladies en les supprimant (mouches, moustiques et environnement insalubre) et briser ainsi la chaîne de transmission.

Un traitement précoce permet d’éviter leurs séquelles

Mains déformées d’un lépreux en Inde, CC B.jehle
Elephantiasis des jambes à cause de la filariose CC Luçon, Philippines


La lèpre, l’onchocercose, le trachome, la bilharziose, l’ulcère de buruli, la filariose lymphatique, la trypanosomiase humaine africaine, les géo-helminthiases… pour ne citer que celles-ci, ont toutes des traitements efficaces qui sont dans la grande majorité des cas peu coûteux. Diagnostiquées et traitées à temps, toutes ces maladies guérissent sans séquelles.

Alors pourquoi ne pas se donner la main pour bouter hors de nos pays ces maladies qui mutilent encore nos concitoyens ?!

Nous devons tous agir en diffusant ce message afin que toutes ces maladies soient connues pour sauver des vies :


Pourquoi j’ai choisi Linux ?

Quand on a un budget limité, on ne peut pas se permettre le luxe de s’acheter un logiciel payant. Alors on finit par opter pour des solutions alternatives. Des solutions gratuites bien sûr, ou à défaut qui nous coûteront moins cher. C’est dans cette optique que je m’en vais vous parler d’un système d’exploitation gratuit et totalement libre qui m’a beaucoup séduit et que j’ai finalement adopté pour de bon : Linux !
Gnome-Shell sur Manjaro (capture d’écran)

Voici les cinq bonnes raisons qui m’ont poussé à choisir Linux plutôt qu’un autre système d’exploitation :

1 – Linux est gratuit

La première raison qui m’a motivé à migrer vers Linux c’est évidemment sa gratuité. Et sur ce point-là j’avoue que je n’ai pas été déçu car Linux possède une multitude de logiciels prêts à l’emploi, tous gratuits. Les quelques rares logiciels payants, vraiment très rares, n’en valent pas la peine d’être achetés, car ils possèdent leurs équivalents gratuits qui font assez bien le même travail.

Par ailleurs je n’ai eu aucun souci pour me procurer de Linux. Ce fut très facile, il suffit de se rendre sur le site web d’une distribution et de cliquer sur télécharger* ! Voilà, c’est aussi simple que ça !

2 – Linux est beau et élégant

Qui a dit que tout ce qui est gratuit doit forcément être moche ou inabouti ? Les trolls, bien sûr ! Le contraire ne m’aurait pas étonné. Eh bien rassurez-vous, Linux est beau. Je dirais même plus, Linux est très élégant. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles je l’ai choisi. Et encore mieux, avec Linux la personnalisation est poussée vraiment à son maximum ! On a la possibilité de tout changer, de tout personnaliser. Et j’aime ça. Grâce aux multitudes de thèmes, on peut même le faire ressembler à Windows, et même à Mac ! Si comme moi, vous avez tout simplement marre d’utiliser Windows ou Mac, eh bien, optez pour Linux et vous ne serez pas déçus.

3 – Linux est très sécurisé

La sécurité en informatique est un domaine sur lequel je ne badine pas. Quand j’étais chez Windows je peinais à obtenir des solutions d’antivirus gratuits. Et la majorité d’entre elles ne me satisfaisaient pas. Aucun des antivirus gratuits n’étaient efficaces tandis que le reste était, vous le savez, très très chers.

Linux, encore une fois m’a séduit dans le domaine de la sécurité. Car oui, Linux est ultra sécurisé !

Très peu de virus pouvant infecter le système Linux sont connus à ce jour. Donc pas besoin d’installer de solution antivirus, car les mises-à-jour corrigent régulièrement les failles et suffisent à garantir notre sécurité. Mais si vous voulez tout de même installer un antivirus, et c’est mon cas, des solutions gratuites existent. Et elles sont très performantes.

4 – Linux c’est la liberté

Dans la vie courante nous avons la possibilité de choisir ce que nous aimons, de décorer nos maisons et nos bureaux comme bon nous semble alors pourquoi il n’en serait pas ainsi avec nos systèmes d’exploitations ? Avec Linux, nous avons la possibilité de tout changer, de tout personnaliser. La liberté totale ! C’est aussi l’une des raisons qui m’ont poussé à utiliser Linux. Avec Linux, nous avons la possibilité de faire tout, de voir tout : les moindres détails de son système, son fonctionnement, inspecter et même de modifier le code source. Ceci afin de savoir très exactement ce que Linux fait et comment. Il en est de même pour tous ses logiciels libres. Tout, absolument tout est possible avec Linux : par exemple je peux la casser, et ou la réparer. Et c’est là que ça devient parfois amusant, car je me rends compte que petit à petit je suis devenu un petit geek. C’est très amusant, je ne connaissais pas ce qu’était un terminal jusqu’à ce que je découvre Linux. Maintenant je ne peux plus m’en passer.

5 – Linux c’est une communauté vivante

En migrant vers Linux j’ai rencontré une communauté vaste et chaleureuse qui m’a accueilli, nourri (de savoir) et avec qui j’ai aussi partagé des moments inoubliables. Quel que soit ton problème, ou ta frustration, ces gars-là auront toujours un remède pour toi ! Y compris comment remédier à ton ennui chez toi ;-). Ils m’ont initié à Linux, et j’en suis devenu un apprenti sorcier.

Linux est né de la communauté, Linux rassemble ! Partout dans le monde, des hommes et femmes se sont donnés la main et font évoluer bénévolement le système d’exploitation afin qu’il reste et demeure gratuit pour tous.

Enfin vous savez maintenant pourquoi j’ai choisi Linux. Oui ou Non ?! Récapitulons ensemble :

— système d’exploitation gratuit plus multitude de logiciels prêts à l’emploi ont fait le bonheur de tous ceux qui, comme moi, n’ont les moyens de s’acheter un logiciel… pour leurs vieilles machines ;

— linux est très beau et personnalisable à souhait ;

— la sécurité y est assurée ;

— Linux est libre, ce qui signifie qu’on a vraiment les mains libres cette fois-ci d’inspecter, de casser ou de recoller ce que l’on veut dans « notre » système d’exploitation ;

— Et pour finir en beauté : Linux nous unit tous !

Vous voulez essayer Linux ? Pas de panique si vous êtes un habitué de Windows ou un débutant en informatique, voici en lien une liste des logiciels alternatifs pour débuter avec Linux sans trop se faire des soucis.

*Bien sûr vous serez facturés pour les données mobiles que vous utiliser par votre fournisseur d’accès internet ;-).


Le coronavirus et les Guinéens ne font pas bon ménage

Covid-19

La Guinée à l’instar des pays du monde est touchée de plein fouet par le coronavirus. Tous les jours des dizaines de nouveaux cas sont notifiés dans le pays et les cas guéris sont peu nombreux. Si rien n’est fait pour rectifier le tir, la Guinée ne risque pas de se sortir d’affaire d’aussitôt. Beaucoup de facteurs entrent en jeu et montrent que le coronavirus et les Guinéens ne font pas bon ménage.

La population n’arrive pas à appliquer les consignes données par l’ANSS

La population étant majoritairement pauvre et analphabète n’arrive pas à appliquer à la lettre les mesures préconisées par l’état à travers l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS). Même si se laver les mains au savon ou à l’eau de javel, éviter de se saluer en se serrant les mains sont revenus dans le quotidien des Guinéens qui, rappelons-le, ont vaincus la précédente épidémie à virus Ebola, il est toujours difficile de se trouver un kit de lavage des mains pour soi et sa famille. Les kits, constitués de seaux et de robinets, s’arrachent comme des petits pains chez les commerçants qui en profitent pour spéculer et monter les enchères. Aussi, tout le monde ne sait pas encore comment bien se laver les mains. Car certains Guinéens pensent encore que se rincer la main sans savon suffit à enlever la saleté.

D’où la multiplication des messages de sensibilisation sur comment se laver les mains. Dans tout le pays des kits de lavage des mains ont été installés par les autorités et les personnes de bonnes volontés. Des podcasts en langues nationales ont été faits par des ONG afin de sensibiliser les analphabètes pour que le message touche un grand nombre de personnes.

Le coronavirus fait apparaître les masques en Guinée

Le masque est une nouveauté en Guinée. À cause du coronavirus bien sûr ! Le Guinéen fait l’expérience du port du masque pour la première fois de son histoire. D’ailleurs celui-ci a même été rendu obligatoire par les autorités. Et tout contrevenant se verra infliger d’une amande de 30 milles francs guinéens. Misère sur misère ! Quand on sait que la majorité de la population vit avec moins d’$1 par jour soit 10milles francs guinéens environs. On est tenu de bien respecter la règle sinon c’est notre bourse qui sera mise à mal. Ebola a fait du mal au porte-feuilles des Guinéens et le Covid-19 en fera autant ! Le coronavirus est différent, il se transmet aussi par l’air. D’où l’obligation de porter le masque. Les Guinéens achètent donc les masques, bon gré, mal gré.

Pour pallier au manque de masques chirurgicaux vendus dans les pharmacies et surtout au coût exorbitant de ceux-ci, la population a opté pour les masques locaux. Moins chers et lavables, ces masques sont réutilisables à souhait. Ils sont cousus par les tailleurs locaux et vendus à un prix raisonnable : 2500 francs guinéens comme préconisés par le chef de l’État lors d’une allocution télévisée suivi par toute la nation. Et tout le monde est content, clients comme commerçants. Et surtout les tailleurs. Car le secteur de la couture à l’instar de plusieurs autres secteurs est confrontée au chômage technique. Ils ont trouvé ainsi une activité très lucrative en confectionnant des masques. Ce qui les permet de joindre les deux bouts en cette période de vache maigre.

Le ramadan est devenu un mois sans partage ?!

D’ordinaire le mois de ramadan est l’occasion pour les Musulmans de se rassembler en famille. Les mosquées et centres culturels musulmans resteront fermés à cause du coronavirus. Si dans la majorité des préfectures et villes, les autorités religieuses ont suivi les recommandations des autorités sanitaires, ce n’est pas le cas de certains citoyens qui n’hésitent pas à se rassembler pour les prières collectives à la maison, entre voisins.

Le coronavirus est venu rompre une tradition séculaire qui veut que tous les Musulmans se réunissent en famille ou à la mosquée pour la rupture collective. Les prières du vendredi, les prières de nuits et qui sait, la grande prière de l’Aïd El Fitr ?!

Tout porte à croire que les Guinéens ne sont pas prêts pour en découdre avec le coronavirus. Vu le manque de respect ou l’ignorance des mesures dites barrières contre le coronavirus continuent à être ignorées par certains, et le nombre de cas notifiés dans le pays qui continue sa croissance exponentielle.

Si rien n’est fait pour contrer ce virus, ce ne sera pas que la situation économique et sanitaire qui en seront affectés par cette pandémie. Ce sera le fondement même de notre société qui s’effondrera.