Sur le pont de Madina (première partie)

Article : Sur le pont de Madina (première partie)
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5 février 2017

Sur le pont de Madina (première partie)

Circulation fluide sur le pont de Madina après le « déménagement » des vendeurs qui occupaient le trottoir…

Ce soir-là Amadou rentrait du boulot avec le sourire. C’était au début du mois de décembre et il a reçu son salaire, un virement bancaire auquel il pourra accéder n’importe quand et n’importe où dans les agences de sa banque. Mais cela ne représente pas la raison principale de sa joie. Ce matin-là, en plus de son salaire, Amadou avait reçu sa prime de fin d’année : celle qui correspond au fameux 13ème mois dont en raffolent les fonctionnaires de grandes sociétés privées. Cette prime, il l’utilisera pour payer les loisirs et les sorties de fête de ce mois et peut-être pour les vacances en famille … bref sans toucher à son vrai salaire qui lui est réservé pour payer le loyer, les impôts et les autres frais du quotidien…

Amadou rentrait tranquillement du boulot dans sa voiture quand soudain il entendit un bruit bizarre en provenance du moteur de son véhicule qui venait de lâcher . Il se gara du mieux qu’il pu puis jeta un coup d’œil dans son capot.

Après maintes tentatives pour rallumer la voiture, il décida d’appeler son mécanicien. Celui-ci le joindra au bout d’une demi-heure et finalement il optera pour lui laisser seul avec sa voiture et à rentrer chez lui car il commençait à faire nuit et Amadou loge loin.

Il dû marcher une centaine de mètres pour rejoindre le pont du grand marché de Madina. Pont par lequel il devrait passer pour rejoindre les taxis en destination directe de son lieu de résidence qui se situe dans la haute banlieue de Conakry. Il arrivait en sueur sur le pont de Madina après avoir gravi les nombreuses marches de celui-ci puis il fit une pause. C’est décidé, Amadou va reprendre sa gym très certainement car il s’est rendu compte de sa faiblesse dans les jambes et de la proéminence de son ventre. Toutes  ces heures qu’il passait assis dans son bureau climatisé lui ont fait prendre du poids et pousser le ventre. Ah, ce ventre, Amadou le détestait depuis son très jeune âge . Il se rappelait quand il était encore ce jeune étudiant svelte qui aimait se moquer des cadres. En classe, il profitait des heures creuses pour improviser de petites scènes de comédies dans lesquelles il imitait un grand fonctionnaire avec un gros ventre. Il enroulait une veste de l’un de ses camarades puis l’enfonçait sous sa chemise simulant ainsi un gros ventre. En même temps, il imitait la démarche et surtout les discours de ces fonctionnaires avec le ton qui va avec le charisme dont ils s’efforçaient de montrer. Ah Amadou, si seulement tu pouvais imaginer ce jour que voici : tu es devenu comme eux – ces fonctionnaires – toi aussi, avec ton gros ventre, essoufflé après une petite marche et quelques marches d’escaliers !…

Après ce laps temps de repos, Amadou peut enfin continuer son chemin, il est moins essoufflé… Mais à peine qu’il fit son premier pas, il fut interpellé par un vendeur un peu spécial :

– Patron, patron, bonsoir !

(…)

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